Sur la route des Pyrénées, la Haute-Garonne étire et étale,
le long du fleuve qui lui a donné son nom, six mille trois
cents kilomètres carrés de plaines, de collines, de pâturages
et de montagnes. Autant de paysages qui affirment le ravissement
des yeux que celui du palais.
Cette terre riche a offert depuis plusieurs siècles l'inspiration
de la grande cuisine et sa variété de saveurs n'a d'égal que
la puissance du vent d'Autan, qui transperce le pays occitan
d'un voile de fragrances enchanteresses. Cette terre a pour
capitale Toulouse, la belle et rose ville du sud, depuis toujours
célébrée et chantée par les poètes et les gastronomes. Riche
de ses monuments, de son histoire, de ses sites, il plane
encore sur ce pays l'empreinte des comptes de Toulouse qui
furent de preux chevaliers, mais aussi de valeureux convives.
Sérieux et opulence sont les deux vocables qui définissent
parfaitement la cuisine locale où se conjuguent les influences
languedociennes et pyrénéennes: charcuteries et salaisons
de montagne, confit d'oie et de canard, foie gras en terrine,
nature ou clouté de truffes du Périgord.
Dans la campagne, autour de Saint-Gaudens, on cultive des
haricots blancs dits Tarbais ou demi-lingots. Ils sont consommés
dans cette région longuement mijotés avec des couennes et
du mouton: c'est la mal connue "pistache", qui légitima pourtant
longtemps la fierté de ses habitants.
Mais c'est Toulouse qui est avant tout la capitale du légendaire
cassoulet. Considéré par les profanes comme un met rustique,
sa préparation est néanmoins d'une minutie qui étonne encore
plus d'un maitre-cuistot, et d'une saveur élaborée, notamment
lorsqu'elle est relevée comme dans sa recette typiquement
toulousaine, de la présence de saucisses poivrées et de confits
d'oies grises.
Si les fleurs de tournesol illuminent les coteaux en été,
les champs de maïs abondent dans les plaines et avec eux grandissent
les élevages de poules, d'oies et de canards.
La poule au pot du midi, préparée en pot-au-feu, est servie
avec une sauce suprême d'une onctuosité envoûtante, et entouré
du succès des autres préparations traditionnelles de volaille,
elle sacre le savoir-faire des cuisiniers du sud.
Parmi toutes ses délicieuses surprises que nous réserve la
gastronomie régionale, il trouve également ces "variations"
autour de la poule farcie, qui fonde les rites des préparations
familiales, toutes différentes, toutes prétendent être originale,
toutes succulentes.
Dédiée au dieu de la lumière, Saint Bernard-de-Comminges,
outre ses féeriques panoramas, ses vieilles maisons et ses
monuments, nous offre des spécialités fort agréables: l'entrecôte
commingeoise, le veau persillé ou même le civet d'écrevisses.
A Luchon, la reine des Pyrénées, est exploité des recettes
anciennes, tel le pétaram qui permettait autrefois au berger
de cuisiner l'intégralité de l'agneau avec différents légumes,
tels la carotte, la tomate et les pommes de terre.
Dans le survol gourmand de la vallée de la Garonne nous rencontrons
des fruits et des légumes en abondance, des desserts odorants
comme les beignets de fleurs d'acacias et les légendaires
violettes sucrées de Toulouse, jolies friandises d'un subtil
parfum.
Et pour exalter et faire chanter la gastronomie régionale,
le vignoble du Languedoc toulousain (Haut-Languedoc), avec
ses vins généreux et bouquetés et ses vins de fêtes, est toujours
au diapason avec les saveurs du pays du bel canto et de la
violette.
Vous faire l'inventaire de la plupart des recettes du pays
occitan relèverait d'un miracle, car à chaque instant nos
grands mères en changent le contenu et transforment notre
gastronomie en labyrinthe mouvant, où chaque tournant est
d'autant plus traître qu'il est succulent. Néanmoins, aux
cours des siècles certaines recettes se sont imposées, et
pour notre plus grand bonheur elles ont daigné se découvrir
pour nous, nous révèlant les mystères de l'attrait occitan...
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